Table des matières
Livre du LPL
Introduction
Parcours de lecture
1. Le corps dans l'enseignement/apprentissage des langues
Le corps dans l'enseignement/apprentissage des langues
Sandrine Eschenauer, Ana Zappa, Marion Tellier
Apartir de cadrages théoriques divers et complémentaires, d'ancrages disciplinaires et de méthodologies variés, nous exposerons comment nos différentes recherches convergent pour montrer la place fondamentale du corps dans l'enseignement/apprentissage des langues étrangères. Cet article mettra au jour les convergences des travaux de 3 chercheures du LPL issues de disciplines différentes (psycholinguistique / sciences de l'éducation / didactique des langues / Etudes gestuelles). Nous commencerons par définir ce nous entendons par “”corps“” dans nos ancrages théoriques (cognition incarnée, linguistique multimodale, système unifié geste/parole, etc.). Puis nous situerons nos recherches sur un continuum méthodologique allant de l'approche expérimentale à l'approche écologique en passant par des dispositifs semi-contrôlés. Nous montrerons que nos résultats apportent des éclairages complémentaires sur un même objet d'étude: la fonction essentielle du corps dans l'enseignement/apprentissage des langues étrangères. Cette synthèse de nos travaux réalisés indépendamment est également l'occasion de créer une communauté de recherche pour ouvrir de nouvelles pistes d'études basées sur des dispositifs méthodologiques hybrides (qualitatifs et quantitatifs).
2. Multimodalité(s) dans les interactions humaines
Multimodalité(s) dans les interactions humaines
Roxane Bertrand, Marco Cappellini, Christelle Combe, Béatrice Priego-Valverde, Marion Tellier, Berthille Pallaud
Dans notre contribution, nous allons aborder la notion de multimodalité dans les interactions humaines. Dans l’introduction, un rappel historique des travaux conduits dans ce champ de recherche par les membres du LPL au fil des années nous permettra de poser quelques jalons pour des définitions possibles de la multimodalité. Dans notre première partie, nous détaillerons les recherches actuelles sur la multimodalité au LPL en montrant la variété des cadres théoriques et méthodologiques mobilisés ainsi que des situations d’interaction considérées, allant du face à face présentiel aux interactions en ligne par écran, de la conversation entre locuteurs d’une même langue à la communication exolingue. Dans notre deuxième partie, nous montrerons que cette variété n’empêche pas la complémentarité, ni des ressources langagières mobilisées par les participants, ni des cadres théoriques et méthodologiques qui en rendent compte. Ainsi, à travers l’analyse d’un phénomène interactionnel particulier, que nous désignons par l’expression 'défaillance interactionnelle’, nous souhaitons montrer, d’une part, que les moments de l’interaction où un problème surgit et demande un processus de réparation, de négociation de sens ou autre pour rétablir l’interaction, apparaissent dans tous les types d’interaction, et, d’autre part, que ces ‘défaillances interactionnelles’ ponctuelles nécessitent aussi, de la part des participants, une mobilisation des ressources verbales, mimo-gestuelles, iconiques, etc.
3. Interagir, coopérer, (ne pas) collaborer : vers une approche nouvelle de la conversation
Interagir, coopérer, (ne pas) collaborer, vers une approche nouvelle de la conversation
Béatrice Priego-Valverde, Roxane Bertrand, Noël Nguyen
Dans les études sur les interactions langagières, on considère fréquemment la conversation comme une activité collaborative au cours de laquelle les participants adaptent leurs comportements l’un à l’autre. Nous proposons ici une approche nouvelle, basée sur une distinction entre collaboration, et coopération, et dans laquelle la collaboration n’est pas intrinsèque à la conversation. Dans ce cadre, la coopération renvoie à la nécessité pour les participants de s’accorder sur le fait qu’une interaction langagière se tienne entre eux. Cette interaction fait appel à un large répertoire de pratiques (répétition, complétion d’énoncé, transition thématique, feedback conversationnel, humour, etc.). La collaboration ne forme que l’une des façons possibles d’exploiter ce large répertoire, et elle coexiste avec d’autres formes, moins collaboratives, voire non-collaboratives, sur lesquelles ce chapitre sera centré. Nous illustrerons notre approche à travers différents exemples de pratique tirés des analyses à grande échelle faites sur corpus, et nous discuterons des études expérimentales pouvant être menées sur la distinction coopération/collaboration.
4. Links between production and comprehension
Amie Fairs, Kristof Strijkers, Elin Runnqvist, Sophie Dufour, Raphael Fargier
While for decades language production and comprehension were typically studied individually, in more recent years researchers have begun to study production and comprehension in concert, considering that in everyday life producing and comprehending speech are tightly intertwined. Here we first detail theories of production and comprehension, and then describe the current theoretical advances which take account of both processes. We follow this with presenting the state-of-the-art research determining to what extent processes and representations between production and comprehension overlap, both in terms of low-level linguistic properties of words and phrases, and at more global levels of language learning and language use in social situations. We end by discussing what these findings mean for the neural architecture of language and propose outstanding questions raised by this new research tradition.
5. Expressions référentielles et formes prosodiques : quand et comment la prise en compte de notre interlocuteur guide-t-elle nos choix linguistiques ?
Maud Champagne-Lavau, Lola Rivoal, Amandine Michelas
S’il est clair que nous parlons pour notre interlocuteur, la question de savoir jusqu’à quel point et dans quelle situation fait actuellement débat. Autrement dit, quand et comment prenons-nous en compte la perspective de notre interlocuteur lorsque nous choisissions des formes linguistiques particulières (e.g., expressions référentielles, formes prosodiques) ? Comment l’auditeur exploite t’il nos choix linguistiques ? L’objectif de ce chapitre est de situer les travaux que nous réalisons au LPL dans le cadre de ce questionnement. Il s’agira, d’une part, de rappeler les résultats de la littérature et, d’autre part, de montrer l’originalité de notre contribution à ce débat, à savoir : 1) l’étude des choix prosodiques du locuteur en conversation en fonction de la présence d’un interlocuteur et des connaissances de cet interlocuteur, sachant que la plupart des travaux ayant contribué à ce débat ont porté sur l’utilisation de la référence ; 2) l’étude de ces phénomènes via une approche clinique. L’utilisation d’une telle approche chez des individus atteints de schizophrénie, susceptibles de présenter des difficultés à attribuer des connaissances, croyances aux autres, permet d’identifier quand et comment les choix linguistiques réalisés en conversation sont faits en tenant compte de la perspective de l’interlocuteur.
6. Contextualiser pour faciliter l'accès au sens: Focus sur l'enseignement du lexique en FLM, FLS et FLE.
Catherine David, Nuria Gala, Emilie Lebreton, Amélie Leconte, Marie-Noëlle Roubaud
Faciliter les processus d’enseignement-apprentissage du français (FLM, FLS, FLE) tout en considérant la diversité des contextes dans lesquels ils s’inscrivent, tel est l’objectif des travaux décrits dans cette contribution. La prise en compte des caractéristiques et des besoins des apprenants au sens large fait écho à une notion fortement sollicitée en didactique des langues depuis une trentaine d’années : la contextualisation didactique. Alors qu’elle visait à rompre avec une tradition universaliste de l’enseignement des langues dans un mouvement de réhabilitation du sujet et du discours, la persistance des débats épistémologiques qu’elle suscite encore aujourd’hui en souligne la complexité. La contextualisation didactique suppose la prise en compte, à des degrés divers, d’un ensemble de facteurs contextuels, linguistiques, discursifs, extralinguistiques. Ce processus vise une adaptation des démarches, des outils et des supports pédagogiques en vue notamment de faciliter l’accès au sens. En nous appuyant sur des projets destinés à développer des outils et des dispositifs pensés pour accompagner la construction du sens dans l’apprentissage du lexique, il s’agira de développer une réflexion notionnelle et pragmatique. La mise en résonance de différentes expériences de recherche permettra de réfléchir à la complexité de la contextualisation didactique et aux perspectives qu’elle offre en matière de stratégies d’enseignement et d’apprentissage du français.
7. Le début des phrases en français parlé
Sandrine Caddéo, Marie-Noëlle ROUBAUD, Berthille PALLAUD, Frédéric SABIO
Même s’il est aujourd’hui bien connu qu’il serait illusoire de chercher à « opposer » la syntaxe du français parlé de celle du français écrit, l’entreprise de description de corpus oraux menée au sein du Groupe Aixois de Recherche en Syntaxe a toutefois permis de dégager certains phénomènes particulièrement bien représentés dans la langue parlée ordinaire. Nous voudrions en évoquer un certain nombre, en montrant en quoi ils ont pu nous amener à renouveler certaines analyses grammaticales. La première partie de notre exposé s’intéressera aux modalités de production de la langue. Le mode de production ordinaire, tel que le révèlent les corpus, se caractérise par une exploitation particulièrement foisonnante de l’axe paradigmatique, que ce soit dans la manifestation des disfluences, dans l’activité de dénomination ou – pour le cas de productions conversationnelles – dans l’élaboration des constructions syntaxiques menée de manière collaborative par plusieurs locuteurs. Une seconde dimension essentielle est la prise en compte de la pluralité des genres textuels. Comme on sait, il n’existe aucun locuteur « monostyle » et la description sur corpus fournit d’intéressantes illustrations sur la manière dont différents types d’activité langagière sont à même de déclencher différents types de structures syntaxiques. La seconde partie nous conduira à donner quelques pistes de description syntaxique : nous rappellerons comment la prise en compte des données orales a permis de reconsidérer certains problèmes descriptifs que l’on avait pu croire résolus : la question des « grandes unités » telles que la phrase et la proposition subordonnée ; la question de la distinction entre relations grammaticales et relations discursives.
8. La prosodie au Laboratoire Parole et Langage : histoire, état des lieux et perspectives
R. Bertrand, J. German, S. Herment, D. Hirst, A. Michelas, C. Petrone, C. Portes, A. Tortel, P. Welby
Cet article se propose de dresser un portrait de la recherche en prosodie à Aix depuis ses origines lors de la création de l’institut de Phonétique, jusqu’à la probable organisation du 20eme congrès Speech Prosody à Aix. Nous relaterons une histoire en trois mouvements. Nous reviendrons d’abord sur les recherches prosodiques à Aix depuis les premiers travaux en (psycho-) acoustique jusqu’aux développements actuels de la phonologie intonative, en passant par les contributions sur la modélisation et l'annotation automatique de la prosodie. Nous décrirons ensuite nos recherches actuelles sur la prosodie comme relevant du système linguistique, intégrant micro et macroprosodie au sein de contraintes physiologiques à spécifier, notamment grâce à l’étude renouvelée des corpus complétant désormais l’approche expérimentale. Nous terminerons en évoquant l’enrichissement des recherches en prosodie grâce à une vision nouvelle des interfaces traditionnelles avec la syntaxe, la sémantique et la pragmatique, mais surtout grâce aux ouvertures interdisciplinaires récentes avec l’étude du rôle de la prosodie dans l’interaction, celle de ses dimensions sociales, ou encore celle de son traitement cognitif en production comme en perception, sans oublier les apports des études en prosodie dans les domaines de l’acquisition de la langue maternelle et de l’apprentissage et l’enseignement d’une langue seconde.
10. 30 ANS DE RECHERCHES EN PHONETIQUE CLINIQUE AU LPL
A. Ghio, C. Meunier, C. Petrone, M. Lalain, Y. Meynadier , A. Marczyk, D. Duez, D. Robert, J. Revis, F. Viallet, A. Giovanni
Le domaine des recherches en Phonétique Clinique vise à améliorer nos connaissances sur les pathologies de la parole en confrontant les méthodes et les recherches en phonétique avec les données cliniques et les diagnostics des cliniciens. En France, la Phonétique Clinique s’est développée depuis une trentaine d’années (Crevier et al., 1992 ; Giovanni et al., 1992 ; Viallet et al., 1994) et fait désormais l’objet de sessions spécifiques dans les conférences sur la parole. Au sein de la Francophonie, des « Journées de Phonétique Clinique » sont organisées tous les deux ans depuis 2005 et accueillent une communauté importante de phonéticiens, linguistes, médecins, orthophonistes et cliniciens, qui s’est ainsi structurée autour de ce champ de recherche. Le LPL a une très longue expérience dans ce domaine au travers de nombreuses collaborations avec les centres hospitaliers de la région et autres partenaires au niveau national. Ces collaborations ont permis l’élaboration de nombreux projets portant sur des pathologies très variées (dysphonies, maladie de Parkinson, SLA, sclérose en plaques, cancers de la cavité buccale et de l’oro-pharynx, etc.). Les méthodologies traditionnelles de la phonétique (analyses de la production et de la perception de la parole) ont été adaptées de façon à répondre aux contraintes spécifiques de la parole pathologique. Notamment, la mesure de l’intelligibilité de la parole, la transcription de la parole pathologique ou encore le choix des paramètres de l’analyse acoustique ont été fortement questionnés et améliorés. L’ensemble des travaux ont été menés avec d’un double objectif : 1/ apporter une aide aux cliniciens dans l’évaluation de la sévérité du trouble que ce soit pour un bilan ponctuel ou dans une évaluation thérapeutique (rééducation, traitement chirurgical, pharmacologique, électrophysiologique), ; 2/ améliorer nos connaissances sur la parole en mettant en lumière les caractéristiques des productions considérées comme « atypiques ».
11. Étudier la conversation pour mieux comprendre le langage
Roxane Bertrand, Philippe Blache, Christine Meunier, Noël Nguyen, Laurent Prévot, Stéphane Rauzy, Berthille Pallaud
Ce chapitre vise à aborder les manifestations linguistiques de la conversation. Longtemps, les linguistes ont traité séparément chacune des dimensions du langage oral (phonologie, lexique, syntaxe etc.) à partir de corpus de parole préparée et non interactive. Les travaux sur la parole en conversation permettent de mettre en évidence une interdépendance de ces dimensions. En outre, ces travaux, au-delà de la description de variantes, nous permettent d’étudier de façon spécifique les processus de production et de compréhension du langage, y compris en les considérant de façon conjointe, en nous appuyant sur les théories les plus récentes de l’interaction. Seront détaillées ici les particularités du langage conversationnel et leur impact sur les unités et les phénomènes généralement étudiés par les linguistes (unités prosodiques, phonèmes, morphèmes, syntagmes, propositions). Ces particularités concernent notamment la pression temporelle, la dilution de certains attributs de la production et la co-présence des différents participants. Le premier point donne des caractéristiques fortes au langage conversationnel liées à la gestion du temps (réduction lexicale, réduction phonétique, disfluences, etc.). La dilution des productions conduit de son côté à l’utilisation de stratégies particulières (répétitions, redondance, reformulations, etc.). La co-présence, quant à elle, permet l’utilisation de toutes les modalités impliquées dans une interaction, et sur lesquelles reposent les multiples mécanismes d’alignement entre participants propres à une interaction. Il faut ajouter que l’étude de ces particularités est profondément impactée par les notions de contexte et de connaissance partagée qui fondent une interaction. Par ailleurs, comprendre ces questions générales nécessite la description précise des phénomènes propres à la conversation (cf. analyse conversationnelle et linguistique interactionnelle). Ces phénomènes incluent les tours de paroles, les signaux d'écoute et le feedback conversationnel, les énoncés co-produits. Les phénomènes sociaux liés aux dynamiques inter-personnelles sont traités dans le chapitre XX ne seront que brièvement évoqués pour la complétude de notre sujet.
13. Périphéries gauche et droite
Sophie Herment, Laetitia Léonarduzzi, Diana Lewis, Cristel Portes, Laurent Prévot, Frédéric Sabio, Gabor Turcsan
Des travaux récents ont mis en avant des hypothèses sur les fonctions des deux périphéries, gauche et droite. La périphérie s'entend ici comme la place d'une expression qui porte sur l'ensemble d'une unité de discours, sans lien syntaxique avec aucun des éléments constitutifs de cette unité, et qui exprime un jugement du locuteur. C'est le cas par exemple des marqueurs du discours tels que 'en fait' ('en fait ça nous arrange' ; 'ça nous arrange en fait'). Certaines hypothèses proposent que tandis que la périphérie gauche serait exploitée pour exprimer la subjectivité, dont les relations de cohérence, la périphérie droite accueillerait l'intersubjectivité, la gestion de l'interaction entre les interlocuteurs. D'autres suggèrent que l'occurrence de marqueurs à la périphérie droite (plus récente que la gauche) développe un paradigme d'éléments servant à connecter l'unité discursive en cours à la précédente. Notre approche consiste à chercher des corrélations entre chacune des périphéries et les structures syntaxiques, la prosodie, la structure informationnelle et la sémantique de l'ensemble élément-périphérique plus unité discursive associée, dans son contexte, à base d'études sur corpus de langage parlé. Notre étude concerne le français et l'anglais dans une perspective contrastive. Dans cet article nous présentons un exemple : nous nous penchons sur deux expressions qui s'emploient tant à gauche qu'à droite, pour discerner les paramètres éventuels qui distinguent les usages et ainsi illustrer notre démarche.
14. Politesse, impolitesse et violence verbale dans les interactions humaines
Christelle Combe, Emilie Lebreton, Amélie Leconte, Christina Romain
Nous souhaitons explorer l’impolitesse interactionnelle à travers les différentes formes qu’elle peut prendre et à travers ses liens avec la politesse interactionnelle. Si la politesse contribue à la coopération interactionnelle et à la pérennité de la relation interdiscursive (Howard, 1990), l’impolitesse est généralement décrite comme constitutive de tensions voire de conflits interactionnels en ce qu’elle rend compte d’une menace à la face (Goffman, 1973ab, 1974). Si Culpeper a pu distinguer différentes formes d’impolitesse linguistique, Fracchiolla et Romain (2015, 2016, soumis) montrent qu’il existe une forme d’impolitesse qui continue à produire de la coopération interactionnelle. De même, par écran interposé par exemple un acte d’hyperpolitesse peut s’avérer menaçant pour la face et un acte de coopération s’apparenter à un acte flatteur potentiellement menaçant pour celui qui tente de réparer un différend (Bouquain, Codreanu et Combe, à paraître). Nous questionnerons ainsi l’impolitesse : est-elle toujours la même, quel que soit le contexte ? Afin de conduire ce travail commun, nous adopterons un point de vue globalisant prenant en compte la multimodalité de l’interaction, à travers des interactions en présentiel, en ligne et par écran, mais aussi des contextes interactionnels différenciés, tels que les interactions pédago-didactiques en classe, les interactions en formation linguistique pour adultes migrants, les interactions par écran en milieu universitaire, sur YouTube, ou encore dans le cadre des relations de soin en santé mentale. Cela afin de questionner la dimension éventuellement adaptative de l’impolitesse linguistique et de la distinguer d’une dimension plus conflictuelle voire vectrice de rupture interactionnelle.
15. Language in action: Speech perception as a sensorimotor simulation
Giusy Cirillo, Elin Runnqvist, Kristof Stijkers, Noel Nguyen
A developing line of research interpreting language and cognition within an embodied, space and time locked situation has given rise to a number of models and approaches highlighting the pragmatic as much as the epistemic (predicative) dimension of language (1). In this perspective comprehension is promoted by the language production system, in which speech acts work as simulators or predictors, supported by parallel and interactive cortical dynamics (2). This chapter is a review of the theoretical and experimental work carried out to draw the links between language and action, in both perception and production. The main idea is that the motor system is involved during action understanding in the form of a forward model predicting the sensory consequences of motor acts (3) (4); a postulation which meets Action Observation Network theories (5). In this sense, the listener is continuously making predictions about what her interlocutor is about to say, at both the level of sentence content and that of the articulatory-phonological form by generating specific effectors’ (hand, foot, lips, mouth) orientations , evident by an alteration of the activity in the motor system and in the somatosensory cortex areas. Our chapter addresses the efficacy of the human verbal communication system explained by ‘active perception’ (6).
16. Contact linguistique et glottogenèse
Daniel G. Véronique; Sibylle Kriegel; Cyril Aslanov
La linguistique des langues en contact n’est pas seulement l’étude de la façon dont les systèmes linguistiques de langues adjacentes influent les uns sur les autres. Moyennant l’adoption d’une visée diachronique, elle peut tenter de reconstituer les processus de transformation profonde qui amènent une langue à passer d’un type à l’autre (exemple : slavisation des structures profondes du yiddish oriental) ou à se relexicaliser au point de devenir parfois méconnaissable (passage du vieil anglais au moyen anglais). Dans certains cas, le contact est responsable de la cristallisation d’une langue tout à fait nouvelle, notamment lorsque les systèmes des langues mis en présence à la faveur du contact appartiennent à des types très différents. Outre le facteur de la différence a priori qui empêche la lente compénétration de langues coexistant dans la longue durée, il est probable que des facteurs tels que l’urgence de la communication dans une situation extrême (esclavage ; conquêtes militaires brutales) soient responsables de cette radicalisation du processus d’influence d’un système linguistique sur un autre qui est responsable de l’émergence d’une langue tierce, irréductible aux deux langues initialement en contact. En partant de glottogenèses récentes (créoles à base française ; yiddish est-européen) nous nous efforcerons d’appliquer le modèle de la glottogenèse à la faveur du contact, à des époques plus anciennes en tentant de considérer des langues anciennement attestées comme le produit d’une glottogenèse à l’ombre du contact entre le proto-indo-européen tardif et des environnements alloglottes : langues épichoriques d’Asie Mineure pour l’émergence du hittite ; kartvélien pour l’arménien ; substrat égéen et adstrat nord-ouest sémitique pour le grec ancien ; environnement linguistique étrusque pour les langues italiques ; substrat nord-ouest européen pour le celte et le germanique ; substrats et adstrats proto-ouraliques pour le balto-slave et le tokharien.
17. L’annotation de corpus au LPL
Brigitte Bigi, Stéphane Rauzy, Béatrice Priego-Valverde, Mary Amoyal, Christine Meunier, Berthille Pallaud, (Marion Tellier ?)
L'enrichissement de corpus par un jeu d'annotations spécifiques est généralement un préalable à toute analyse linguistique quantitative. A partir des données primaires qui ont été collectées, des annotations correspondant à des domaines linguistiques complémentaires peuvent être envisagées. Ce chapitre présente les différentes méthodes/approches qui ont été mises en œuvre pour annoter manuellement ou automatiquement un corpus, ainsi que les problématiques de recherche qui leur sont associées, et aborde une réflexion collective sur la spécificité de notre approche au sein du LPL.
Nous présentons en effet les méthodes et les outils que nous avons développés pour annoter nos corpus à travers des exemples d’annotations qui ont été réalisées récemment. Entre-autres, le logiciel SPPAS propose diverses annotations automatiques d’un signal de parole et de la transcription orthographique. Le logiciel MarsaTag fournit une analyse syntaxique de la transcription orthographique en tenant compte des spécificités de l'oral. L'outil HMAD permet d'extraire à partir d'un enregistrement vidéo l'annotation de gestes faciaux comme les mouvements de sourcils ou comme les sourires.